Article paru dans Votre Santé n° 132, octobre 2010

« Plein d’araignées sortent de ma tête »

Margot, une jeune et belle femme – très oratrice – a assumé des charges directoriales importantes et suscité la jalousie d’employés la harcelant des années durant, sans être soutenue par sa société. « Entamée » elle subit une grave dépression et vient, envoyée par son médecin.
À son sixième entretien, elle me soumet un cauchemar :

J’avais plein d’araignées. Elles me sortaient de la tête.

Le rêve l’a d’autant plus violentée qu’elle ajoute : « Je suis phobique des araignées, ce qui rend ce cauchemar odieux… insupportable comme les attaques subies au boulot. Son job était pourtant sa bouée de sauvetage en période de divorce d’avec un conjoint violent et buveur. Le cauchemar est récurrent depuis les années de harcèlement mais son impact cette nuit là est décuplé comme une invite à faire un ménage radical. C’est le retentissement qu’il a sur Margot – qui le considère comme le plus marquant qu’elle n’ait jamais eu – qui m’invite à un décryptage serré qui pourrait soulager la problématique de la rêveuse.
L’araignée besogneuse, tisse sa toile formée de fils presque invisibles, en vue de piéger ses proies. Or, Margot a la tête pleine d’idées piègeantes et noires. Forcenée à la tâche et dépressive à force d’être bafouée par ses subordonnés mais aussi par son ex-mari qui la trompait effrontément. C’est la même cause qui est à l’origine des deux désastres.
Margot a vécu au travail une transposition de la situation maritale sans pouvoir y mettre un terme. Pourquoi ? Envahie par des idées (inculquées par la religion et la société) – fausses – de devoir conjugal et professionnel : le devoir figuré par l’araignée qui tisse interminablement sa toile –  en l’occurrence, ces obligations qui la détournent du principal : elle, son bien-être –  parasitée par le  leit motiv  « travaille, soumets-toi jusqu’à ce que mort s’ensuive » et la pensée de menues tâches à accomplir trottinant en permanence au long de ses journées sans fin.
Elle a subi l’opprobre des loups sans songer à se rebeller alors qu’elle est dans son bon droit : conciliante, honnête, travailleuse. La tache mise sur Eve – pour avoir soi-disant écouté le serpent et goûté au fruit de la connaissance – rejaillit sur Margot qui doit trimer sans songer à remettre en cause le mouvement. D’autant plus aisé qu’elle adorait son travail et vivait l’enfer dans le couple.
Un nouveau compagnon aimant et respectueux, la compréhension des erreurs afin de ne pas les répéter et le combat pour redresser la situation ouvrent la porte du paradis à vivre sur terre.

 

Soana Kristen, psychanalyste onirocriticienne

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